Pascal Paoli (1725 - 1807)

Fils cadet de Hyacinthe Paoli - ancien général de la Nation, chef de la deuxième des quatre insurrections qui ont marqué la Révolution Corse - Pascal Paoli est né à la Stretta, un hameau de Morosaglia, le 6 avril 1725.

Exilé à Naples en 1739, Hyacinthe entraîne avec lui son fils Pascal qui reçoit là une solide instruction ainsi qu'une formation intellectuelle puisant, semble-t-il, aussi bien aux sources de la culture classique qu'aux théories modernes, celles notamment des philosophes français. Sa culture d'honnête homme lui permettant en effet de parler et lire à peu près couramment l'anglais et le français, il s'intéresse très tôt aux doctrines étrangères tout en manifestant un faible pour la politique, sous son aspect le plus clairvoyant et le plus désintéressé. 
Cette tendance comme son attachement à la Corse qu'il a quittée à quatorze ans le rendent, alors qu'il fait carrière militaire en Italie, très attentif aux affaires de son île dont il est tenu informé par son frère Clément et quelques amis. 

Ce sont eux qui, à la mort du Général Gaffori nommé Chef Suprême des Corses, assassiné alors que son gouvernement révolutionnaire contrôle une grande partie de l'île, pressent Pascal Paoli de rejoindre son pays pour se porter candidat à la magistrature suprême. 
Sans doute déjà mûr pour une telle décision, âgé de trente ans, le jeune officier débarque sur le sol de son pays natal en Avril 1755 où il est élu le 13 Juillet 1755 - contre son adversaire Marius Matra - Général en Chef (Capu Generale) par la Consulte de Saint Antoine de la Casabianca qui l'investit de la mission d'une guerre décisive contre Gênes. 
Il gouvernera la Corse pendant 14 ans. 
Pour s'imposer autrement que par son élection qui n'a pas fait l'unanimité et parce que tel est son idéal, Pascal Paoli s'attache à réaliser mieux que ses prédécesseurs l'unité morale et politique de la Nation. 
Après avoir vaincu une insurrection fomentée par Matra, et, en divers points de l'île, de vives résistances faites de sympathies tantôt génoises tantôt françaises ou simplement d'hostilité envers un homme venant de l'extérieur, fervent partisan d'une démocratie dont tous n'ont pas d'emblée saisi le sens, Pascal Paoli réussira enfin à prendre effectivement la tête de son pays. 
Fixant la capitale à Corte, il y fait voter une Constitution affirmant la souveraineté de la Nation Corse ainsi que la séparation des pouvoirs, fait frapper monnaie, dote la justice de tribunaux réguliers, crée une armée et s'efforce de doter le pays d'une petite flotte. 
Sur le plan économique, il encourage le développement de l'agriculture, fait assécher les marais et stimule le commerce mais le blocus des villes maritimes dont il n'a pu chasser les génois en empêche l'épanouissement. Afin de créer des échanges nouveaux et contrebalancer le pouvoir de Calvi, place forte génoise, il fonde l'Ile Rousse. 
Désireux d'aider la nation corse à s'affirmer, il organise l'école primaire et fonde une Université à Corte. 
Cependant, Gênes qui, en 1764 est encore présente mais à bout de ressources dans les principales villes côtières qu'elle a fondées, devant l'impossibilité de traiter avec Pascal Paoli, demande aide à la France. Celle-ci essaye de négocier avec le Babbu (père) de la jeune nation mais n'obtient de lui que la réaffirmation de sa volonté d'indépendance et dans le pire des cas, conscient de la nécessité d'une politique extérieure, l'acceptation d'un protectorat. 
Les négociations entre la République de Gênes et la France de Louis XV aboutiront finalement le 15 Mai 1768 au Traité de Versailles. 
Ainsi, qu'elle ait été vendue ou donnée en gage d'une dette, la jeune nation corse se voit traitée en objet et lors de la Consulte du 22 mai 1768 se prononce pour la résistance armée. 
Pascal Paoli combat pendant un an contre son nouvel adversaire, un des plus puissants maîtres d'Europe, mais il est vaincu au cours de la bataille de Ponte Nuovo le 8 mai 1769. 
Après quelques tentatives de résistance, Pascal Paoli est contraint de s'exiler et s'embarque le 13 juin sur un vaisseau anglais. 
Invité par le roi, l'Angleterre l'accueille avec tous les honneurs dus à celui que l'on considère en Europe comme un véritable homme d'état assorti de l'étoffe d'un héros. 
En effet, la révolution des Corses menée par Pascal Paoli, qualifiée par certains de titanesque face aux Génois et alors que la Corse est, jusque là, un petit morceau de terre inconnu de tous, suscite et rassemble depuis quelques années les sympathies des opinions publiques et des intellectuels européens, au point de créer un véritable mythe paolien, au sens grec du terme. 
Outre la renommée établie par Jean Jacques Rousseau, James Boswell ou encore Voltaire, ce sont, en Europe, livres, gazettes, correspondances privées, essais qui abondent en éloges, et ce sont diplomates, hommes d'affaires ou historiens qui témoignent leur admiration et leur estime envers celui que le grand Frédéric qualifie de : 
Généreux protecteur et défenseur de sa patrie, ce grand homme dont l'estime et la vénération publiques ont déjà rendu le nom immortel. 
Alors que la Bastille vient de rentrer pour toujours dans l'Histoire et 21 ans après avoir quitté son île, Pascal Paoli voit son exil à Londres prendre fin avec l'amnistie envers les corses expatriés proposée par Mirabeau en 1789. 
Passant par Paris en avril 1790 où il est reçu par Louis XVI, loué par Robespierre et acclamé par le peuple, il débarque en Corse qui, devenue département français, connaît comme d'autres provinces la fermentation croissante des partisans de la Révolution et de ses adversaires. 
Pascal Paoli est élu Commandant en Chef des Gardes Nationales et Président du Directoire Départemental. 
Mais après un si long exil, loin des réalités insulaires, dans une période de mutations en cascade, Pascal Paoli n'est plus maître de l'île. 
Alors que les divisions s'accentuent, avec le soutien du Comte Pozzo di Borgo, il croit sage pour sauver la Corse et lui permettre un gouvernement à part de la séparer de la France afin de lui assurer de la part d'un autre Etat - de préférence une grande puissante maritime aux institutions plus libérales que celles de la France - un système de protectorat. 
Dès l'année 1792, prenant ses distances avec les partisans corses de la Révolution, il est traduit par Lucien Bonaparte comme contre-révolutionnaire devant la Convention et déchu de son commandement. 
Proclamé Généralissime par ses partisans en 1793, il réussit à prendre le contrôle de la plus grande partie de l'île et rédige un acte d'accusation contre la Convention, ce qui l'amènera à être déclaré traître à la République et mis hors la loi. 
Tandis que troupes françaises et troupes paolistes s'affrontent, le Père de la Nation Corse sollicite l'appui de l'Angleterre qui, avec l'escadre de Nelson, brise la résistance à Bastia, Saint-Florent et Calvi. 
La Constitution d'un royaume anglo-corse naît le 15 juin 1794 avec à sa tête, non pas comme il l'escomptait Pascal Paoli, mais le vice-roi anglais ...Sir Gilbert Elliot. 
Cette union ne durera que deux ans. Des troubles naissent en Castagniccia et prennent une telle vigueur que Pascal Paoli est sur la demande d'Elliot rappelé à Londres. 
Ainsi, en octobre 1795, Pascal Paoli reprend le chemin de l'exil. 
Son île qu'il n'avait jamais cessé de rêver libre, sera réoccupée sans heurt par les troupes françaises en octobre 1796 ., 
Après avoir vécu 47 ans d'exil, Pascal Paoli meurt à Londres le 5 Février 1807 et est inhumé au cimetière de Saint-Pancrace.
Les cendres de cette personnalité exceptionnelle qui a séduit tant d'hommes touchés par l'esprit des lumières et ébloui le jeune Napoléon Bonaparte reposent depuis 1889 à Morosaglia. 

 

 


Version imprimable | Plan du site
© Alain Agnel-Giacomoni, CGP 2012/2023
SIREN : 444 374 342 00012 APE : 930 N

Cabinet Généalogique

   de Provence

BP 73

04700 ORAISON

«L’homme qui fait renaître les connaissances perdues, ce qui est presque plus difficile que de leur donner vie, celui-là édifie une chose immortelle et sacrée et sert non seulement une province, mais tous les peuples et toutes les générations».



Didier Erasme

Adage, 1508